Admettons que vous êtes parfaitement entraîné: puissance aérobie disponible= 100% de votre patrimoine génétique, puissance annaérobie, permet encore un gain de 20% environ sur un 2000m, force musculaire = 2 fois votre maxi aérobie...
(image, une fusée "véga" Vettore Europeo di Generazione Avanzata) véga est aussi une marque de bateaux construits en France.

Il s'agit de mettre en orbite une fusée à 4 étages, mais c'est pas la lune qu'on décroche, seulement du laiton doré de quelques couches de molécules d'or, et encore.
Le lancement d'une fusée montre à quel point on dose entre le pas assez et le trop. c'est pareil. nous ne faisons pas une course à fond, mais en cherchant le compromis optimum. si on met trop de puissance on ne tient pas la durée ou encore, on dégrade la performance en perdant la qualité du mouvement. Il faut savoir se limiter un peu de façon à que tout se passe bien:

le principe de base de la course est
- d'avoir 100% de rendement mécanique à 95% de puissance disponible plutôt que 95% de rendement mécanique à 100% de puissance.
- de disposer d'une puissance régulière: la puissance disponible baisse d'autant plus que on en utilise un plus grand pourcentage. Il s'agit de faire rencontrer deux limites: la courbe de la puissance limite: on ne dois pas la faire s'écrouler; et la courbe de la puissance demandée: elle doit rejoindre la puissance limite juste à l'arrivée.

de 1 à 1.5 minutes on accumule une dette en oxygène, qu'il faut payer le plus tôt possible, entre 1.5 et 5 minute (on la rembourse d'autant plus vite que l'on réduit la puissance, mais il faut quand même pas s'arrêter.
de plus, de 20" à 1' 30, on produit beaucoup de lactates, car le coeur n'est pas encore à fond, si on réduit la puissance à ce moment là, on évite beaucoup de pollution par l'acide. ce temps est indicatif, les phases peuvent varier avec l'entraînement et justement, deviennent peu différenciées quand l'entraînement est bien réussi.

les courbes en pointillés représentent la puissance disponible et en trait continu la puissance utilisée, le ton vert correspond à un équipage qui gère à l'économie, le ton rouge à un équipage dont la puissance aérobie s'écroule parce il continue à tirer sur le procédé anaérobie et alors limite la puissance disponible par blocage du métabolisme par l'acide.
la stratégie verte consiste à attendre avant de prendre la tête de la course.
bien sur, ce genre de stratégie est visible si au départ, les équipages ont des capacités physiques presque égales.
sinon, un équipage qui économise pourrait malgré tout rester plus rapide qu'un autre qui est à fond.

sur la fin de la course, l'équipage qui a économisé (vert) peut accélérer, sa puissance disponible a remonté.

la difficulté est de dessiner la courbe verte (trait plein) de sorte qu'on puisse plus que récupérer ce que on a volontairement perdu dans la gestion;
si on gère trop à l'économie, on prend trop de retard et de buter sur les limites à  fin n'y fera rien, même si on remonte très vite on ne rattrapera pas la différence de temps perdu en économisant, mais si on ne gère pas assez, les limites de la puissance disponibles à la fin seront plus basse, et peuvent même s'écouler de sorte que même à fond on reste lent et qu'on accumule alors du retard à la fin, qui fais plus qu'annuler l'avance que l'on a prise au début.

Mis à part dans certaines situation où les bateaux d'aviron se muent par une force extérieure... il faut toujours alimenter le bateau avec des watts pour qu'il daigne se remuer.

Avant le départ: compte à rebours: pratiquez la méditation du calme mental: pas de pensée ayant trait au passé ou au futur, concentrez vous sur l'instant présent et sur la respiration que d'ailleurs vous amplifierez (légère surventilation, vous allez manquer d'O2, alors autant en stocker des maintenant dans les globules...)

0-250m très rapide
le départ est fait à la puissance musculaire max; en grillant l'ATP (l'énergie musculaire en place)
Il ne faut pas céder à la tentation de continuer ainsi plus que 10 coups, sinon on bascule dans une logique de production d'énergie maximale par la voie anaérobie, ce qui mène à l'impossibilité d'avoir de l'endurance.

250-1000m lent (façon de parler)
On gère l'effort à une intensité suffisemment faible pour que le métabolisme aérobie se mette en route sans être trop pollué par les déchets de l'anaérobie. la métabolisme se stabilise en 1mn30, une dette en oxygène est accumullée car le coeur n'a pas encore atteint son débit et le sang n'a pas encore fait un tour, la dette en oxygène se renbourse ensuite: si on va trop fort on dilapiderais les réserves annaérobie et en plus le système aérobie se mettrait moins bien en route, surtout qu'en plus on aurait déjà des déchets du à de l'annaérobie trop tôt.
1000 à 1750m accélération progressive le métabolisme aérobie atteint son maximum. on se calle dessus de 1000 à 1500 et un peu au dessus de 1500 à 1750, cette phase de la course dépend surtout des entraînements que on a fait en endurance (les B1, les B2)
1750 à 2000m très rapide: on utilise la puissance anaérobie disponible, et puis on regrille tout l'ATP présent dans les derniers coups de rames. On doit gérer de sorte que l'acidité ne bloque pas les muscles avant l'arrivée, et tolérer cette acidité de sorte que on arrive encore à ramer: l'aisance dans la technique est impérative pour être encore technique avec un épuisement physique qui amplifie et révèle tous les défauts.

arrivée: si c'est réussi, vous êtes aux anges, et vous avez une rondelle à pendre au cou.
si  c'est raté, vous passez une corde au cou et c'est vous que vous pendez (faut bien pendre quelque chose), ainsi vous rejoignez les anges.

bien après avoir écrit ceci, on a pu voir la finale exemplaire du double TC aux jeux olympiques qui respectait exactement ce principe

en voici l'analyse, en bleu le vainqueur en vert, le troisième qui était devant jusqu'au 1500m
deux cas d'école: le vainqueur limite sa puissance pour en garder pour la fin, tandis que le 3eim tient à dominer la course du début à la fin, donc est à bloc et descend selon une courbe caractéristique de la décroissance de puissance selon l'épuisement graduel

le bateau qui gagna
les italiens qui furent 3eim, ils ont, surtout à la nage, une différence de hauteur d'épaule. ce petit détail fait sans doute perdre de la puissance


le bateau qui tenait la tête de la course jusqu'au 1500m n'a pas géré à l'économie:
résultat après avoir dominé la course jusqu'au 1500m: ils sont 3eim.
remarquez le peu d'écart de distance que cela fait par rapport à 2km de parcours...

notez que l'eau était chaude (ça glisse mieux) salée (moins de surface de contact car ça porte mieux), mais qu'il y avait le vent contre, qui fait perdre tout le gain du aux eaux chaudes salées, ici l'incertitude est difficile à estimer: l'eau chaude salé peut rajouter un demi km/h, le vent contre en enlever 1/2.
la puissance trouvée en utilisant la formule moyenne correspond cependant à des gars qui font un peu moins de 6'00 au test 2000 d'ergomètre: on est bien dans les bons ordres de grandeur: autour de 500 watts en TC.
si on examine la progression en % de la puissance moyenne de le course on a
     vainqueur  3eim
1er  500 111%   118
2eim 500 94      98
3eim 500 92      92
4eim 500 100     90
* une variation de vitesse de 10% correspond à 30% de variation de puissance

il y a moins d'erreur d'incertitude sur les écarts de puissance que sur la puissance absolue qui peut être faussée par le vent. la variation de la résistance de l'air joue peu sur les écarts (car elle est subie par tous), c'est surtout l'eau qui résiste au mouvement.
Dans une course d'évaluation (rameurs qui ne sont pas de haut niveau), il serait bon qu'il y ait toujours un rameur de haut niveau pour servir d'étalon: alors l'écart informerait alors de la performance des autres, de ce qui reste à gagner.
L'erreur est généralement de parler en temps de référence alors que ces références correspondent à une autre saison, un autre matériel et un autre contexte: cela fixe des objectifs irréalistes

résumons: il semble que la stratégie gagnante soit de faire
110% en fait sur 50 coups environ, 10 seulement à 150% et les 40 qui suivent entre 90 et 95%
90 à 95% au train
90 à 95% au train
>100% ou plus si possible à fond, soit 120% les 25 derniers coups, la fin se décomposerait en
25 coups à 95% et 25 coups à fond
 

Cet instant a été imortalisé sur le livre de l'aviron 2004.

 

Ha enfin il relève la tête...

 
 

  départ et  fin
Ces deux phases sont surtout acquises par la technique et la musculation

250-1000m lent
Plus on a travaillé la vitesse d'adaptation, moins on aura besoin d'être lent à cette phase. en général ce travail est sous la forme de paliers de quelques minutes près du maximum aérobie inclus dans une séance d'endurance à 75% de la puissance aérobie. une erreur répandue est de pas aller assez lentement ici. ça se paye par de la lenteur relative ensuite et plus de souffrance. la stratégie relève de le gestion de ce compromis, voir le troisième au JO athènes 2004 en double TC

 1000 à 1750m
La vitesse que l'on maintient alors est permise par la puissance aérobie et l'emplacement du seuil. si le seuil est près de 100% de la puissance aérobie, alors à 100% on accumule peu de lactates qui géneraient la dernière phase, et on élimine même ceux de la deuxième phase si on se limite à 90%.
quelqu'un de non entraîné n'arrivera pas à maintenir jusqu'à la fin ou manquera de puissance à la fin, et surtout souffrira plus et défaillera, si il le fait dans la limite de ses aptitudes, il n'ira pas vraiment plus vite que pour la deuxième phase 250 à 1000m

L'entraînement crucial est en empilement d'aptitude à acquérir dans l'ordre
endurance de base: pouvoir tenir et récupérer des entraînements.
non entraîné tient 3 à 5h/semaine
entrainé tient 20 à 30h/semaine
endurance: pouvoir être puissant sans sensation de fatigue, ni régime cardiaque élevé
non entrainé, coeur à 80%, fait 130watts, tiens 20 minutes, entrainé: coeur à 80%  fait 250 watts ou plus tient une heure
puissance aérobie: repousser sa limite d'essouflement très loin, au dessus de 90% du régime cardiaque et entre 350 et 500 watts suivant gabarit  (non entraîné 180 à 220 watts)

  fin: comme le départ: sur le stock d'énergie présent.
au départ: on profite de l'anaérobie alactique qui est déjà là. à la fin on se permet de vider le stock, ainsi on est en surpuissance par rapport à la puissance moyenne
La course montre les deux pics de puissance au départ et à la fin.
Ces deux phases sont surtout acquises par la technique et la musculation. cependant, pour réussir une fin il faut quand même pas que on soit totalement saturé d'acide... d'où l'importance de la réussite des phases précédentes.