Il s'agit de mettre en orbite une fusée à 4 étages,
mais c'est pas la lune qu'on décroche, seulement du laiton doré
de quelques couches de molécules d'or, et encore.
Le lancement d'une fusée montre à quel point on dose
entre le pas assez et le trop. c'est pareil. nous ne faisons pas une course
à fond, mais en cherchant le compromis optimum. si on met trop de
puissance on ne tient pas la durée ou encore, on dégrade
la performance en perdant la qualité du mouvement. Il faut savoir
se limiter un peu de façon à que tout se passe bien:
le principe de base de la course est
- d'avoir 100% de rendement mécanique à 95% de puissance
disponible plutôt que 95% de rendement mécanique à
100% de puissance.
- de disposer d'une puissance régulière: la puissance
disponible baisse d'autant plus que on en utilise un plus grand pourcentage.
Il s'agit de faire rencontrer deux limites: la courbe de la puissance limite:
on ne dois pas la faire s'écrouler; et la courbe de la puissance
demandée: elle doit rejoindre la puissance limite juste à
l'arrivée.
de 1 à 1.5 minutes on accumule une dette en oxygène,
qu'il faut payer le plus tôt possible, entre 1.5 et 5 minute (on
la rembourse d'autant plus vite que l'on réduit la puissance, mais
il faut quand même pas s'arrêter.
de plus, de 20" à 1' 30, on produit beaucoup de
lactates, car le coeur n'est pas encore à fond, si on réduit
la puissance à ce moment là, on évite beaucoup de
pollution par l'acide. ce temps est indicatif, les phases peuvent varier
avec l'entraînement et justement, deviennent peu différenciées
quand l'entraînement est bien réussi.
les courbes en pointillés représentent
la puissance disponible et en trait continu la puissance utilisée,
le ton vert correspond à un équipage qui gère à
l'économie, le ton rouge à un équipage dont la puissance
aérobie s'écroule parce il continue à tirer sur le
procédé anaérobie et alors limite la puissance disponible
par blocage du métabolisme par l'acide.
la stratégie verte consiste à attendre
avant de prendre la tête de la course.
bien sur, ce genre de stratégie est visible si
au départ, les équipages ont des capacités physiques
presque égales.
sinon, un équipage qui économise pourrait
malgré tout rester plus rapide qu'un autre qui est à fond.
sur la fin de la course, l'équipage qui a économisé (vert) peut accélérer, sa puissance disponible a remonté.
la difficulté est de dessiner la courbe verte (trait plein) de
sorte qu'on puisse plus que récupérer ce que on a volontairement
perdu dans la gestion;
si on gère trop à l'économie, on prend trop de
retard et de buter sur les limites à fin n'y fera rien, même
si on remonte très vite on ne rattrapera pas la différence
de temps perdu en économisant, mais si on ne gère pas assez,
les limites de la puissance disponibles à la fin seront plus basse,
et peuvent même s'écouler de sorte que même à
fond on reste lent et qu'on accumule alors du retard à la fin, qui
fais plus qu'annuler l'avance que l'on a prise au début.
Mis à part dans certaines situation où les bateaux d'aviron
se muent par une force extérieure... il faut toujours alimenter
le bateau avec des watts pour qu'il daigne se remuer.
Avant le départ: compte à rebours: pratiquez la
méditation du calme mental: pas de pensée ayant trait au
passé ou au futur, concentrez vous sur l'instant présent
et sur la respiration que d'ailleurs vous amplifierez (légère
surventilation, vous allez manquer d'O2, alors autant en stocker des maintenant
dans les globules...)
0-250m très rapide
le départ est fait à la puissance musculaire max; en
grillant l'ATP (l'énergie musculaire en place)
Il ne faut pas céder à la tentation de continuer ainsi
plus que 10 coups, sinon on bascule dans une logique de production d'énergie
maximale par la voie anaérobie, ce qui mène à l'impossibilité
d'avoir de l'endurance.
250-1000m lent (façon de
parler)
On gère l'effort à une intensité suffisemment
faible pour que le métabolisme aérobie se mette en route
sans être trop pollué par les déchets de l'anaérobie.
la métabolisme se stabilise en 1mn30, une dette en oxygène
est accumullée car le coeur n'a pas encore atteint son débit
et le sang n'a pas encore fait un tour, la dette en oxygène se renbourse
ensuite: si on va trop fort on dilapiderais les réserves annaérobie
et en plus le système aérobie se mettrait moins bien en route,
surtout qu'en plus on aurait déjà des déchets du à
de l'annaérobie trop tôt.
1000 à 1750m accélération
progressive le métabolisme aérobie atteint son
maximum. on se calle dessus de 1000 à 1500 et un peu au dessus de
1500 à 1750, cette phase de la course dépend surtout des
entraînements que on a fait en endurance (les B1, les B2)
1750 à 2000m très rapide:
on utilise la puissance anaérobie disponible, et puis on regrille
tout l'ATP présent dans les derniers coups de rames. On doit gérer
de sorte que l'acidité ne bloque pas les muscles avant l'arrivée,
et tolérer cette acidité de sorte que on arrive encore à
ramer: l'aisance dans la technique est impérative pour être
encore technique avec un épuisement physique qui amplifie et révèle
tous les défauts.
arrivée: si c'est réussi,
vous
êtes aux anges, et vous avez une rondelle à pendre
au cou.
si c'est raté, vous passez une corde au cou et
c'est
vous que vous pendez (faut bien pendre quelque chose), ainsi vous
rejoignez les anges.
bien après avoir écrit ceci, on a pu voir la finale exemplaire du double TC aux jeux olympiques qui respectait exactement ce principe
en voici l'analyse, en bleu le vainqueur en vert, le troisième
qui était devant jusqu'au 1500m
deux cas d'école: le vainqueur limite sa puissance pour en garder
pour la fin, tandis que le 3eim tient à dominer la course du début
à la fin, donc est à bloc et descend selon une courbe caractéristique
de la décroissance de puissance selon l'épuisement graduel
le bateau qui tenait la tête de la course jusqu'au 1500m n'a
pas géré à l'économie:
résultat après avoir dominé la course jusqu'au
1500m: ils sont 3eim.
remarquez le
peu d'écart de distance que cela fait par rapport à 2km de
parcours...
notez que l'eau était chaude (ça glisse mieux) salée
(moins de surface de contact car ça porte mieux), mais qu'il y avait
le vent contre, qui fait perdre tout le gain du aux eaux chaudes salées,
ici l'incertitude est difficile à estimer: l'eau chaude salé
peut rajouter un demi km/h, le vent contre en enlever 1/2.
la puissance trouvée en utilisant la formule moyenne correspond
cependant à des gars qui font un peu moins de 6'00 au test 2000
d'ergomètre: on est bien dans les bons ordres de grandeur: autour
de 500 watts en TC.
si on examine la progression en % de la puissance moyenne de le
course on a
vainqueur 3eim
1er 500 111% 118
2eim 500 94 98
3eim 500 92 92
4eim 500 100 90
* une variation de vitesse de 10% correspond à
30% de variation de puissance
il y a moins d'erreur d'incertitude sur les écarts de puissance
que sur la puissance absolue qui peut être faussée par le
vent. la variation de la résistance de l'air joue peu sur les écarts
(car elle est subie par tous), c'est surtout l'eau qui résiste au
mouvement.
Dans une course d'évaluation (rameurs qui ne sont pas
de haut niveau), il serait bon qu'il y ait toujours un rameur de haut niveau
pour servir d'étalon: alors l'écart informerait alors de
la performance des autres, de ce qui reste à gagner.
L'erreur est généralement de parler en temps de référence
alors que ces références correspondent à une autre
saison, un autre matériel et un autre contexte: cela fixe des objectifs
irréalistes
résumons: il semble que la stratégie gagnante soit
de faire
110% en fait sur 50 coups environ, 10 seulement à 150% et les
40 qui suivent entre 90 et 95%
90 à 95% au train
90 à 95% au train
>100% ou plus si possible à fond, soit 120% les 25 derniers
coups, la fin se décomposerait en
25 coups à 95% et 25 coups à fond
Cet instant a été imortalisé sur le livre de l'aviron
2004.
Ha enfin il relève la tête...
départ
et fin
Ces deux phases sont surtout acquises par la technique et la musculation
250-1000m lent
Plus on a travaillé la vitesse d'adaptation, moins on aura besoin
d'être lent à cette phase. en général ce travail
est sous la forme de paliers de quelques minutes près du maximum
aérobie inclus dans une séance d'endurance à 75% de
la puissance aérobie. une erreur répandue est de pas aller
assez lentement ici. ça se paye par de la lenteur relative ensuite
et plus de souffrance. la stratégie relève de le gestion
de ce compromis, voir le troisième au JO athènes 2004 en
double TC
1000 à 1750m
La vitesse que l'on maintient alors est permise par la puissance aérobie
et l'emplacement du seuil. si le seuil est près de 100% de la puissance
aérobie, alors à 100% on accumule peu de lactates qui géneraient
la dernière phase, et on élimine même ceux de la deuxième
phase si on se limite à 90%.
quelqu'un de non entraîné n'arrivera pas à maintenir
jusqu'à la fin ou manquera de puissance à la fin, et surtout
souffrira plus et défaillera, si il le fait dans la limite de ses
aptitudes, il n'ira pas vraiment plus vite que pour la deuxième
phase 250 à 1000m
L'entraînement crucial est en empilement d'aptitude à acquérir
dans l'ordre
endurance de base: pouvoir tenir et récupérer
des entraînements.
non entraîné tient 3 à 5h/semaine
entrainé tient 20 à 30h/semaine
endurance: pouvoir être puissant sans sensation de fatigue,
ni régime cardiaque élevé
non entrainé, coeur à 80%, fait 130watts, tiens 20 minutes,
entrainé: coeur à 80% fait 250 watts ou plus tient
une heure
puissance aérobie: repousser sa limite d'essouflement
très loin, au dessus de 90% du régime cardiaque et entre
350 et 500 watts suivant gabarit (non entraîné 180 à
220 watts)
fin: comme
le départ: sur le stock d'énergie
présent.
au départ: on profite de l'anaérobie
alactique qui est déjà là. à la fin on se permet
de vider le stock, ainsi on est en surpuissance par rapport à la
puissance moyenne
La course montre les deux pics de puissance au
départ et à la fin.
Ces deux phases sont surtout acquises par la technique et la musculation.
cependant, pour réussir une fin il faut quand même pas que
on soit totalement saturé d'acide... d'où l'importance de
la réussite des phases précédentes.