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Le texte qui suit vous surprendra dans un contexte sportif. Seulement il faut bien l'admettre. Il y a un travail important à faire pour travailler le mental et le sport est plus complet si on n'oublie pas "la tête".
Acquérir de la technique, et ce, pour acquérir une progression que l'on évaluera avec la réussite des objectifs, avec un but: gagner des courses...
Mais le but suprême n'est pas différent de celui d'une pratique spirituelle: c'est délivrer son esprit. Tout autre est alors la signification de la pratique sportive. L'on considère les performances comme des objectifs secondaires dont la réussite est source de motivation qui facilite la pratique.

On a une certaine idée de soi, mais aussi une envie d'être autre chose que soi: un bon, un beau, quelqu'un conforme à l'image du modèle social classé comme "le meilleur" dans notre société. Le culte d'une image de soi est d'ailleurs une des ficelles les mieux utilisées du marketing... C'est bien aussi souvent ce qui nous fait ramer...
Les problèmes proviennent d'une tension entre ce que vous voulez ou croyez être (inconscient) et ce que vous êtes... Cela est particulièrement vérifiable dans une pratique telle que le sport.

Au moins lui il prépare ses pelles... C'est déjà ça...

Vouloir coller "au modèle" fait toutes sortes d'erreur et de tensions
- de trop forcer pour "se la jouer" (même par rapport à soi même). Vous ne faites pas alors ce qu'il faut... (les "B1" à 50% d'effort que vous faites à 80%).
- d'être angoissé dans les compétitions ou de "marcher" avec des aiguillons tels que la revanche, la peur de perdre, ou "sauver son image de soi".... Qui sont des sources de performances instables dans lesquelles on ne se connaît pas vraiment, et où l'on risque gros en déception, et si on gagne, un plaisir intense mais fragile qui prépare une plus grosse défaite ensuite et des risques de "mauvaises expériences"... il y'en aura toujours un devant vous...
- de subir des tensions internes qui vont des problèmes d'infériorité ou supériorité aux maladies psychosomatiques, aux allergies et à certains cancers peut être:

Vouloir être "un autre" est refuser celui que l'on est.
La première étape d'un travail mental est donc de se réconcilier avec soi même.

En travaillant l'humilité, la modestie, en s'introspectant, on se découvre tel qu'on est puis on peut ensuite s'accepter...
Tout ce qu'on entreprend alors réussi au mieux...
Car on fait ce qui est le mieux adapté à sa personne...
Le sport peut vous aider... À prendre conscience.

Voici un exercice concret pour découvrir l'état conscient.
DÉCRIVONS LA MÉDITATION "BATEAU"
En bateau; vous avez tout aussi bien qu'un yogi une posture associée à un mouvement... Une vigilance de tous les instants est nécessaire pour maintenir l'équilibre, bien replacer son corps, préparer ses rames... Tous des actes qui pourraient devenir réflexes... Mais ramer est si complexe que le moindre changement, même seulement physiologique d'un jour à l'autre oblige constamment à tout réajuster, ce qui implique une correction permanente... Et une certaine surveillance. Ce sont des "points de contrôles" similaires aux détails à maintenir dans la méditation des yogis... Qu'il y ait un relâchement de l'esprit, et le non-respect d'un de ces points de contrôle sert d'avertisseur... Faites gaffe quand même... Un bateau ça chavire, et l'eau ça mouille, surtout en hiver... Cette "difficulté" maintient la vigilance...
Dans la méditation assise, vous vous appliquez à être conscient de votre respiration et à maintenir la concentration soit sur un seul sujet, soit sur tout ce qui se présente... Le point commun entre les différentes sortes de méditation est d'être dans le présent et à l'écoute des perceptions sur l'instant, ici et maintenant.
En bateau, vous devez aussi être dans le présent ici et maintenant "ÊTRE DANS LE BATEAU". Ce qui compte est de bien ramer, d'ajuster son appui et sa cadence au mieux du métabolisme, lequel doit être ressentit comme le yogi sent ses flux d'énergie.... La vigilance continue et globale vous permet d'observer l'état de tout votre organisme en effort... Que ça soit en entraînement où la gestion doit être ciblée "dans une fourchette", ou en course ou le maximum doit être donné dans les limites du physiologiquement possible, ce qui demande à surveiller à leur juste perception les sensations de "limites". Ce qui se passe dans la ligne d'eau d'à coté ne vous concerne pas... Ce qui compte et que vous, ici et maintenant donnez le meilleur de vous-même, en accord avec l'objectif; arriver au bout de la course en ayant utilisé tout votre potentiel physique.
J'insiste sur ce fait qu'il y a beaucoup de courses où "ça se bat", par exemple un rameur en intimide un autre selon une stratégie. En fait il s'agit de manoeuvres qui relèvent du conditionnement mental (peur de perdre, envie de gagner, envie de vaincre, intimidation, vengeance... ) et sortent de la vérité que voilà: Ce qui donne les meilleurs résultats pour la dépense d'énergie minimale, donc qui permet  à potentiel égal, le meilleur chrono, est de suivre tel un "programme de mise en orbite" programmé à l'avance une courbe de la puissance en fonction du temps, pour embrayer sur les métabolismes au bon moment et les enchaîner tel les étages d'une fusée. Toute modification des paliers de puissance entraîne une contre performance. L'analogie avec une fusée à plusieurs propulseurs est très bonne. Un rameur en est une à 3 étages, la créatine phosphate pour le lancement, l'endurance aérobie pour prendre de l'altitude, et l'anaérobie lactique pour décrocher... La lune!

Il est vrai que parfois, le manque de courage  peut être compensé par "un guignol" qui vous réveille à coté... Mais alors cela révèle une chose: vous ne faisiez pas "au mieux"  vous n'aviez pas stabilisé à la vitesse régulière en palier au maxi autorisé par votre métabolisme à cet instant "T" depuis le début...
Un guignol qui vous fait peur peut vous doper aussi en faisant faire une giclette d'adrénaline... Mais vous, si vous contrôlez parfaitement pouvez faire votre giclette vous-même et ce au meilleur moment (par des visualisations et de la mise d'enjeu consciente)... C'est à dire juste avant le départ, et ni trop ni pas assez...

Concentrez-vous sur votre respiration,
(que ce soit en bateau ou en méditation, vous devez toujours avoir conscience, à chaque instant de votre respiration). Observez comment le mental se met à discuter. "Je fais si", je "fais ça", "j'observe que je fais si", je ne veux pas penser, mais merde! je me distrais..." Observez sans refuser de penser, seulement quand ça arrive, constatez simplement que vous avez PERDU conscience de ce que vous faisiez et de l'ici et maintenant tout entier, vous rêvez,  vous avez été distrait.
 Sans vous distraire encore plus (en vous énervant par exemple de vous êtes fait "encore avoir"), calmement, impassiblement, retournez à ce que vous faîtes... Vous avez juste eu un petit instant de conscience, quand vous vous êtes rendu compte de la distraction. Ça ne tarde pas, à peine une seconde après, vous passez en revue d'autres sujets... Une distraction en appelle une autre, c'est la pensée en "chaîne", entre les anneaux de cette chaîne, une fenêtre de lucidité infinitésimale s'ouvre en général entre "l'inspire" et "l'expire" qui est aussi le moment de l'attaque (le "planter de pelle"): travaillez le "replacement" de l'esprit sur CE QUE VOUS FAITES et vous vous briserez ces chaînes... Il vous faut un point de rendez vous ou rassembler l'esprit: ce peut être la conscience de son bout du nez, ou d'un point fixé sur le mur, ou du point "du devant soi" qu'on visualise comme le centre de la vision... Où alors c'est, en bateau, le fait "de se remettre dedans" et se "reprendre", de reprendre la conscience globale de tous ses muscles, des mouvements et du bruit des pelles...
La distraction, ça se repère ainsi: les pelles ne font plus "tac---flouc", mais "sclarkflaoutch'slûtchrak"
On doit acquérir un réflexe de replacement avec augmentation de l'intensité de concentration sur ce sujet de replacement, à chaque replacement tentez de prolonger la conscience du sujet... En vous concentrant dessus avec plus d'intensité que celle des "pensées parasites". Ne vous laissez pas distraire non plus par les pensées non verbales qui sont des émotions, des peurs, de l'ennui, ou des images. Revenez toujours vous replacer... recentrez-vous sur votre respiration et écoutez si ça fait "tac---floc"...
Attention cependant. Il y a un compromis entre deux extrêmes
Avoir conscience de tout à la fois sur "360°" et La concentration pure sur un seul sujet.
Attention:  il faut garder un coin de vigilance pour "les à cotés" pour apprendre. C'est avec le temps que l'on pourra réellement se concentrer.
En bateau il faut avoir conscience d'une globalité, tout comme la concentration sur le bout du nez demande quand même le maintient de la vigilance de la posture de méditation. La similitude est bien là entre la méditation bateau et la méditation en lotus: une posture avec des "points de contrôle" qui ne demandent qu'à foirer à la moindre distraction...
Si vous vous concentrez trop sur le sujet, il y a perte de la vigilance pour superviser, en particulier vérifier que le "moulin à parole" n'a pas repris, qu'une distraction n'est pas en cours, ou que vous n'avez pas glissé dans la torpeur, qui est un piège très sournois, une impasse spirituelle que les gens croient souvent être "l'état de relaxation", là où on ne fait pas de progrès même avec des années de pratique, est la torpeur. On s'assoit, pof!, on se branche sur la torpeur...
L'équivalent de la torpeur en bateau c'est faire des milliers de kilomètres en se contentant de ramer selon l'habitude... On se pose sur la coulisse et on fait "sclôprakflaoutch'slatchrklouc" avec les pelles... inlassablement...
Mais il y aussi l'excès d'effort de concentration. Il détourne tant d'énergie mentale qu'il aboutit à une distraction telle que l'on prend un nouveau défaut en voulant en corriger un, ou alors qu'on va s'échouer sur la berge...

Quant on fait un entraînement mental, il faut aussi le faire en endurance!!! Celui qui attaque la méditation "en sprint" ne va pas loin: où il s'endort, ou il rêvasse, où il s'excite!

Concentrez-vous sur ce que vous faîtes, mais pas trop: gardez en pour la vigilance globale.
L'esprit qui est au-dessus de tout doit avoir conscience ici et maintenant, globalement d'où va l'énergie de la conscience... Si elle ne va qu'à un endroit au risque de manquer à d'autre il doit rectifier...

Attention à la pensée qui discute: elle ne fait pas partie du présent, mais des commentaires.
La pensée discursive, c'est comme si, au lieu de regarder l'image de la télé, vous écoutiez le speaker. D'ailleurs, faites l'expérience de regarder une télé sans son et avec son... Vous ne verrez pas du tout les mêmes choses.

Se "dire" que l'on se concentre EST de la distraction, car "se dire qu'on fait" n'est pas "faire".
C'est le rameur qui discute dans sa tête.
Vous devez étaler la conscience dans le global présent: le champ visuel, le champ auditif, les sensations corporelles...
EST DE LA DISTRACTION suivre le centre visuel d'un regard sans cesse attiré, c'est un peu comme attraper une friandise avant d'avoir analysé consciemment ce que l'on fait... Dans tel cas toute la conscience est centrée sur la seule fovéa (centre de la rétine), le pourtour de la rétine ne servant qu'à des processus réflexes et inconscients de recentrage de l'oeil...
Observez le champ visuel. Pas besoin de "regarder" les rames des autres en bateau long: vous n'en verriez qu'une à la fois. Mais si vous "ouvrez" la conscience à TOUTES vos perceptions, en état de vigilance vous les voyez toutes simultanément d'un seul bloc et dans le présent dans le coin de la rétine, la vôtre y compris, en effet, vous êtes conscient donc voyez AUSSI dans le champ visuel périphérique (et les pelles que vous ne voyez pas vous les entendez!), Certes, ce n'est pas net, mais vous voyez en simultané tout. Vous pouvez alors vous intégrer dans ce tout et faire un avec les autres. Se tourner vers une pelle est de LA DISTRACTION... Vous avez suivi une "pulsion" de votre mental qui vous a soufflé de "jeter" un oeil, (vous aviez décidé de ne pas le faire, vous l'avez fait! Donc vous avez perdu "conscience") et du coup vous jetez de l'eau: Vous ramez mal!
Regardez bien... C'est le cas de le dire, en regardant tout, vous... Ne voyez plus rien... Ce que vous voyez n'est plus la réalité, mais une image reconstituée par votre mental à partir de petites images stockées dans la mémoire "tampon" (une mémoire à court terme)... Il y a une différence avec ce que vous voyez ici et maintenant (un champ visuel net au centre et flou sur les cotés), et ce que votre mental vous donne: une image mentale (et non pas réelle, mais que vous croyez réelle!!!) Une image mentale d'une réalité reconstituée à partir de regards furtifs appartenant déjà au passé, somme de tas de petits coups d'oeil à droite et à gauche et d'éléments en mémoire pour remplir "les trous". Seulement voilà, durant ce temps là, votre pelle a fait "ploukflôrch'slatchrklap"

Pour la méditation pure aussi la marge de vigilance sert à surveiller ce que vous faites!
Trop d'énergie passée à vous concentrer, vous vous crispez: vous écrasez le joyau symbolique que vos mains doivent maintenir sans crispation et pincez les muscles des narines pour mieux ne pas respirer:

L'équivalent bateau: se durcir, se crisper, ramer en apnée, et aller taper dans la berge...

Respirez!!!
Dans la méditation, de surveiller la respiration et le joyau revient à surveiller un signal d'alarme: ça foire pour avertir de rectifier... En bateau c'est pareil: quand l'appui n'est pas bon et que l'on se durcit, faut rectifier. On voit même souvent s'installer chez des rameurs au bon potentiel physique, un oubli de synchroniser la respiration qui enlève toutes les chances de progresser... En effet, il faut 8 à 20 fois plus de débit d'air qu'au repos quand on rame ça compte.
Entraînez-vous donc à respirer, et travaillez même en imagination le placement de l'expiration après l'attaque sur le poussé de jambe et après le dégagé (2 cycles par coup de rame) ou pour les efforts plus modérés l'expiration seulement après l'attaque, sur la poussée de jambe. Singez ce mouvement sur une bête chaise chez vous et faites les cycles respiratoires.

En bateau: l'habitude, l'acquis fait que le maintient de la bonne gestuelle demande moins d'énergie pour la vigilance de la correction; alors il est possible de diriger plus de concentration sur un aspect particulier de l'entraînement, ou d'une course... N'oubliez pas une chose, soyez ici et maintenant dans le présent, enregistrez tout dans l'esprit... Mettez votre magnétoscope sur "on"...

Les visualisations..
Chez vous, ou dans un moment avec "rien à faire", ressortez votre magnétoscope-esprit. Passez en film l'enregistrement mental d'un vous en train de ramer. Revivez-vous en train de vous sentir ramer. Surprise, vous pouvez découvrir des défauts qui vous avaient échappé. Mais en essayant d'imaginer que vous les corrigiez alors, vous aurez tout autant de mal à le faire que sur l'eau. C'est preuve qu'ils sont bien dans le mental.
L'important cependant est que vous avez l'outil pour le corriger. Vous l'avez réellement VU (et non pas conceptualisé comme c'est le cas quand un entraîneur vous en a parlé durant 2 heures en vous poursuivant avec son canot qui pue l'essence)...
Pour effacer un tel défaut quand on en est à ce stade, il faut l'oublier. Quand il se trouve encore dans "la persistance" des sensations il est trop tenace et ruinera tous les efforts d'adaptation. Attendez donc quelques jours sans faire de bateau (donc en faisant de l'endurance autrement), et renouvelez une expérience neuve en ramant dans un bateau un peu différent ou le même mais avec des muscles frais (ce qui décale toutes les sensations), et en reprenant prudemment, en souplesse sans mettre d'appui au début... Vous allez enregistrer une autre séquence plus neuve d'un meilleur mouvement.
De proche en proche vous pourrez ramer la nuit dans votre lit avec des meilleures visualisations et aussi... en bateau...
La visualisation peut aussi servir à vous faire ressentir même à l'entraînement une ambiance de course avec l'adrénaline.  Visualisez quand vous partez des pontons bien officiels, des lignes d'eau, des arbitres, et le "attention prêt partez", et ça ne rate pas: Le coeur monte à 110 avant d'être parti, ça marche même ailleurs que sur le bateau.. Cette visualisation peut ne pas marcher, il faut inclure non seulement des éléments visuels, mais toute une ambiance avec le stress associé qu'on a enregistré lors d'une expérience passée...
C'est le moment de ressortir le capital des bonnes expériences que vous avez stockées.
C'est pour cela que vous devez favoriser les bonnes expériences en gérant une course correctement: les bonnes actions conditionnent de nouvelles bonnes expériences. Faire une course de quartier en se mettant dans le rouge avec un bateau mal réglé et un mental assailli de hargne, de peur, ou de sous estime de soi: c'est récolter au contraire des risques de handicap mental pour une course plus importante si on la remémore ensuite. Il faut alors être vigilant en son esprit pour "trier" les souvenir des bonnes expériences des mauvaises. Et durant la pratique, favoriser la bonne expérience qui aidera à provoquer d'autres bonnes expériences. Maintenant. Tout ce qui a été dit, généralisez le à la vie pour tout et vous ferrez une pratique spirituelle...

Bonne chance...
 

Jean Thevenet précisions sur les entraînements novembre 2005

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