Ce que je remarque sur moi même.
#autres_données
premier séjour en alpage commencé le 4 juillet 2005 à
830milibars (1780 mètres d'altitude), ce qui fait une réduction
de 1.18 fois moins de pression. J'ai monté une machine à
ramer là haut. J'ai relevé 3 phases dans l'adaptation à
l'altitude.
phase 1: carrément patraque: Premier jour. impression d'être
malade à l'effort, la tête tourne, l'effort est pénible
en endurance "dure" (cette phase ne se produit que le premier séjour
de l'année)
phase 2 vite fatigué 2eim et 3eim jour. sensations normales
mis à part une impression de fatigue précoce, comme si il
y avait eu un effort long
phase 3 à partir du quatrième jour: en progression lente,
sensations normales avec pour seule différence un peu moins de puissance.
La fréquence cardiaque vers 225 watts a diminué de 10 pulses
au 10 eim jour (158 devenu 148) mais par rapport à en bas il y'a
encore un manque à gagner de l'ordre de 5 pulses.
Puissance: vers 150 pulses elle était en bas aux alentours de 235 watts, ici elle est vers 218 (sur les efforts de l'ordre de 30' à une heure), soit une perte en endurance de l'ordre de 20 watts et un manque à gagner au bout de 10 jours de l'ordre de 7% par rapport à "en bas". Il semble impossible d'après la littérature de compenser totalement l'altitude: il restera alors un manque à gagner qui reste à chiffrer.
Le problème c'est que musculairement, ça tranforme un
B2 en en B1 (moins de charge musculaire).
le gain semble intéressant pour durer en bas sur un effort prolongé,
mais pas pour réussir une performance maximale. Il faudrait alterner
des stages en altitudes avec des périodes d'entraînement intense
en bas. Voici un texte qui en dit long, ça me fait ça de
crampe en moins aux doigs sur claviers.
En haut je retrouve à peu près mes performances d'en bas au bout de 15 jours: vitesse ascensionelle sur sentier qui monte, vitesse en course à pieds. Mais en bas je ne gagne pas d'une façon sensible. globalement, un mois après, il ya même perte de performance, car l'adaptation en altitude est passée, mais la musculature a eu une charge d'entraînement moins élevée. je retrouve alors, en bas, les puissances que j'avais en haut, comme si cela était du à une modification de la musculature. (facteur perturbant, cette année, je rame sur un skiff de course et me muscle différemment: je n'ai plus la même relation FC vers watts cet hiver 2006 que l'hiver 2005, il y a aussi l'arrêt du vélo)
différence à noter avec "en bas".
en été, en bas, il ya les douleurs thoraciques et le mal
de gorge due à la pollution à l'ozone et du à la circulation
automobile en général, qui sont absente ici, sauf parfois
en été (ça monte jusqu'à 2500m!), au dessus
du seuil ventilatoire (vers 160 pulsations/mn).
Cette pollution à l'ozone m'a fait supprimer
les entraînements en puissance, au dela de 10h solaire.
Elle a été constaté en haute
savoie, à 1000m d'altitude pour la course de Montriond. La perte
de performance est sensible: sur 2kilomètre à l'aviron, environ
4 à 6 secondes de plus pour 100ug. en cumulé, j'estime les
pertes dues à la pollution à près de 5 secondes (5%
puissance environ) sur une course d'aviron de 2000m.
Il semble aussi que de un ami qui disposait vers
150 pulses de 180 watts ne possède maintenant que 150 watts à
cette charge, alors qu'il n'a pas diminué sa quantité d'entraînement,
mais il s'entraîne en zone fortement polluée (confluent du
rhône et de la saône, à Lyon, vers le port édouard
ériot.), il a du revoir ses allure d'entraînement et va changer
de lieu: affaire à suivre.
Faire 10 minute de machine à ramer permet de supporter ensuite
avec les mêmes habits près de 5° de moins pendant environ
2h, en faire plus longtemps permet de se mettre à poil jusqu'à
0° à l'effort et de supporter 5° de moins que au repos habillé
pareil 2 h suivante encore: cette production énergétique
résiduelle après l'effort semble être le fait de la
récupération, 2h c'est plus long que la seule inertie thermique.
Peut être aussi que un corps qui rayonne 1.3 kilowatts chauffe le
chalet de 5° (le chauffage au fioul n'est pas plus puissant!). La chaleur
alors rayonnée par le corps (environ 1000 watts plus 300 mécanique
perdus en chaleurs au final) est l'équivalent d'allumer le poêlle
à pétrole 2h/jour (qui fait 1.3 kilowatts maxi). Le corps
supportant 5° de moins et la température ambiante montant de
3 à 4° rend enviseageable d'habiter le chalet jusqu'en
novembre décembre, et peut être même tout l'hiver en
mettant des chaussettes aux pieds et des gants, en prévoyant de
faire 3 entraînements de 1h.
En attendant de maitriser le yoga de la chaleur, la machine à
ramer est donc un élément de confort indéniable et
permet des grosses économie de gaz et de bois. Elle fournirait l'électricité
ça serait encore mieux.
autres_données
extrait de
http://www.courseapied.net/forum/articles/article.php?idarticle=7
Altitude et entraînement
Stages d'altitude, plus hauts, plus forts ?
Dans la quête de la performance, la préparation en altitude
connaît un regain d'intérêt. Efficace ? Sans doute.
Limite ? Peut-être. Dangereuse ? Des tests sont en cours. Explications.
L'Équipe Magazine, n° 1077, 11 janvier 2003, enquête réalisée par Françoise Inizan.
Stages d'altitude, plus hauts, plus forts ?
Dans la quête de la performance, la préparation en altitude
connaît un regain d'intérêt. Efficace ? Sans doute.
Limite ? Peut-être. Dangereuse ? Des tests sont en cours. Explications.
Sur les flancs de ces vieilles montagnes jaunes et usées du
Nouveau-Mexique, ils se sont refait un sang neuf. Là, au pied des
Rocheuses qui glissent doucement vers la ville d'Albuquerque, étalée
à 1.600 mètres d'altitude, au creux d'une large boucle du
Rio Grande, Mehdi Baala, le champion d'Europe du 1.500 m, Samir, son frère,
champion de France du marathon, et deux spécialistes de steeple,
BobTahri et Badre Din Zioini, se sont entraînés. Trois semaines
de stage qu'ils programment désormais chaque hiver et sans lesquelles,
disent-ils, leurs performances ne seraient pas les mêmes. Trois semaines
dans le Grand Ouest désertique, où ils ont migré,
tels des orpailleurs, en quête de conditions d'entraînement
très particulières à la recherche de l'altitude qui
accroît naturellement les globules rouges, formidables transporteurs
d'oxygène aux muscles, si précieux pour les longs efforts
d'endurance.
A Albuquerque, l'atmosphère est étrange. Ces chercheurs
d'altitude, on les dirait bien à la conquête de l'or. Avant
eux, les deux meilleurs marathoniens au monde, l'Américain Khalid
Khannouchi, qui y possède une maison, et l'Anglaise Paula Radcliffe,
familière des lieux, ont découvert le filon. Plus loin, en
centre-ville, se dresse la piscine de l'université du Nouveau Mexique
où Matt Biondi vint se régénérer et où
Tom Jager prépara de longues années son record du monde du
50 m.
À cette époque de l'année où les stations
d'altitude blanchissent sous la neige, Albuquerque s'avère le site
idéal. Ciel cristallin. Temps sec et mordant qui peut se réchauffer
violemment en une après-midi. Mehdi vient d'ailleurs de croiser
en footing deux grands spécialistes du 800 m, l'Américain
David Krummenacker et le Burundais Jean-Patrick Nduwimana, débarqués
la veille de Flagstaff, Arizona, autre centre d'altitude renommé
(voir annexe), mais devenu trop froid. De jeunes espoirs français
aussi sont arrivés, un peu perdus. L'hiver gagne du terrain. Encore
quelques jours, et, pour accueillir les athlètes, il ne restera
guère que Mexico où Saïd Aouita, l'un des premiers découvreurs
du site aztèque, vient d'emmener l'élite du demi-fond australien
dont il s'occupe désormais en tant qu'entraîneur national.
Mexico. C'est là qu'à débuté l'aventure
de l'altitude, quand la gigantesque ville mexicaine reçoit les Jeux
Olympiques de 1968. Les premiers à se dérouler haut, à
2.200 mètres, les premiers où se révélèrent
les coureurs kenyans. Dans leur foulée, les chercheurs découvrent
que l'altitude peut aussi améliorer les performances en plaine,
et les laboratoires des nations sportives, URSS et RDA en tête, se
mettent au travail, inspirés par les études aéronautiques
sur l'environnement des pilotes. Puis l'altitude parut perdre de son intérêt.
Était-elle détrônée par les transfusions sanguines
des années 80 puis complètement dépassée par
la découverte de l'EPO artificielle et autres transporteurs d'oxygène
dans les années 90 ? Aujourd'hui, les années 2000 semblent
la remettre à la mode. Richard Descoux, l'ancien DTN de la Fédération
française d'athlétisme, explique: " Autrefois, j'avais organisé
des colloques sur l'altitude. C'était un tollé. Aujourd'hui,
tout le monde est demandeur car presque tous les médaillés
travaillent en altitude. " L'EPO et ses dérivés désormais
détectés, les sportifs s'en sont-ils retournés à
l'utilisation de l'altitude naturelle, " l'altitude vraie ", quand d'autres
ont poursuivi leurs recherches sur une utilisation futuriste, très
technologique, de l'altitude artificielle ? Ou bien son emploi cache-t-il
autre chose ?
Car l'altitude garde son mystère. Ses bienfaits demeurent en
effet controversés tant le corps humain tarde à révéler
les bénéfices qu'il pourrait en tirer pour améliorer
la performance sportive. Logique: avec l'hypoxie (voir lexique ci-contre),
c'est tout le système humain qui est affecté en une complexe
alchimie
qui rend difficiles, intimes, les réglages : quelle est l'altitude
idéale ? Combien de jours doit-on y rester ? Quel travail y effectuer
? Combien de temps avant la compétition ?
Toutes ces questions, une étude lancée en 1991 et publiée
en juillet 1997 par les docteurs Ben Levine et Jim Stray-Gundersen les
a relancées, en faisant l'effet d'une bombe chez les sportifs. Jusque-là,
les recherches avaient porté sur des athlètes s'entraînant
et vivant en altitude, avec des résultats mitigés. À
l'enrichissement du sang en globules rouges, on opposait les désavantages
de l'hypoxie, notamment des vitesses d'entraînement faibles, trop
éloignées de celles de la compétition, qui brouillaient
à la longue les repères gestuels et menaient au déconditionnement
musculaire. Jusqu'à ce que ces scientifiques américains démontrent
qu'on pouvait concilier les deux avantages : selon eux, les athlètes
étaient plus performants lorsqu'ils vivaient en altitude, à
plus de 2 500 mètres, pour bénéficier des bienfaits
physiologiques, et qu'ils s'entraînaient en bas pour ne pas perdre
de la force musculaire. Leur " Vivre en haut, s'entraîner
en bas " (Live high, train low) démontrait des améliorations
drastiques du V02 Max de 3 à 5 % et, en performance chronométrée,
de 1 à 2 %, après seulement quatre semaines d'entraînement.
Une marge énorme si l'on considère qu'un gain de 1 % équivaut
à presque 16 secondes sur un 10.000 m ni, soit la différence
entre la médaille d'or et la sixième place sur cette distance
aux Jeux de Sydney.
Très vite, l'étude du Levine a ouvert de nouvelles perspectives.
Oui, on pouvait bien utiliser l'altitude de différentes manières.
Classiquement, en vivant et s'entraînant en haut, mais à la
condition, donc, d'y rester peu longtemps. En s'entraînant en bas
et en vivant en haut, comme venait de le démontrer Levine. Ou encore,
en vivant en bas et en s'entraînant en haut, à la manière
des Kenyans et des Éthiopiens, qui montent plusieurs fois par semaine
près d'Addis-Abeba, au sommet de l'Entoto, à 3.600 mètres.
Ou... à la façon des Allemands de l'Est, dont on découvrit,
à la chute du mur de Berlin, qu'ils se préparaient ainsi,
depuis longtemps, dans une pièce où l'altitude était
recréée artificiellement, au cœur de leur centre national
d'entraînement de Kienbaum, près de Berlin. Jusque-là,
en effet, très peu d'études sur le sujet, pourtant nombreuses,
avaient été publiées : les nations préféraient
garder le secret de leurs médailles...
L'altitude simulée ouvre soudain une brèche dans laquelle
les Scandinaves s'enfoncent les premiers. En quelques mois, la Norvège
opte pour le modèle Levine et fait construire des chambres hypoxiques
(on garde la même pression barométrique, mais on joue sur
les pourcentages d'oxygène et d'azote) dans son centre national
d'entraînement d'Oslo. la Finlande, elle, fait bâtir à
Vuokatti un véritable hôtel où on peut louer des chambres
d'altitude pour 150 euros.Très vite, le reste du monde s'y met.
L'Australie, en peine de hauteur (à part le site de Thredbo, à
1.365 mètres, ouvert en 1999), crée en 1997 un centre d'altitude
simulée à l'AIS l'Institut australien des sports de Canberra.
Le Japon en ouvre cinq, privés ou publics, dont l'un, doté
d'une piste d'altitude recréée tracée au fond d'une
mine désaffectée. Dans la foulée, des caissons hypobares
individuels (on ne touche pas à l'oxygène, mais on y fait
baisser la pression barométrique), des tentes ou chambres hypoxiques
sont lancés sur le marché par des firmes dont les sites Internet
clamera sans vergogne " Possédez votre montagne portable " , pour
10.000 euros la tente.
La marathonienne Chantal Dallenbach a acheté, avec son mari
et entraîneur Alain, une tente qu'ils partagera avec la cycliste
Jeannie Longo et une chambre qu'ils ont installée dans leur appartement
de Font-Romeu. C'est sur le Net encore que le coureur de steeple Gaël
Pencréach avait découvert l'existence d'un hôtel avec
chambres à hypoxie à Brides-les-Bains (Savoie), tenu par
l'ancien biathlète Lionel Laurent: " Je savais que Jeannie Longo
y était allée. C'était un gage de sérieux et
de professionnalisme. J'ai voulu essayer. " Pendant dix huit jours, il
est resté enfermé dans sa chambre et n'est sorti que pour
ses deux entraînements quotidiens et les repas. " Dix jours après
mon arrivée, je suis allé courir le meeting de Nuremberg.
J'ai réussi 8'17 comme ça, en ayant l'impression de voler.
" Pour des raisons budgétaires, Gaël arrêtera pourtant
l'expérience : plus de 1.200 euros le séjour, c'était
trop cher pour lui.
Dès 1997, le Comité international Olympique s'est effrayé
de cet engouement extraordinaire.
Un nombre croissant de cyclistes, skieurs nordiques ou rameurs voyageaient
avec des vans spécialement équipés de caissons hypobares.
" On savait que, autour de ces sports, les hébergements des villages
se transforment en caravaning, explique le docteur Schamach, responsable
de la commission médicale du CIO. Les coureurs sortaient de leur
caisson pour aller concourir et y rentraient aussitôt après.
" Comme des accidents avaient été signalés, le CIO
s'inquiète d'abord des risques que l'utilisation de ces engins fait
courir à la santé des athlètes. Il lui est rapporté
qu'une nuit, un certain nombre de fondeurs finlandais logeant dans une
maison d'altitude avaient dormi involontairement à plus de 4.500
mètres (altitude recréée) à la suite d'un dysfonctionnement
du monitoring de pression. À Lausanne, on est donc en alerte. D'autant
que les Jeux de Salt Lake City révèlent le retour en grâce
des vieilles pratiques de transfusion sanguine effectuées par les
fondeurs autrichiens dans les chambres desquels du matériel d'utilisation
a été retrouvé. Le CIO vient tout juste de détecter
l'EPO, mais, décidément, il ne peut pas baisser les bras.
Poussé par les Français, il décide alors de financer
une étude sur tous les systèmes qui stimulent la production
de globules rouges en recréant artificiellement les conditions d'un
séjour en altitude. Objectif : donner une base scientifique à
toutes les expériences tentées dans le monde de façon
éparpillée, commerciale souvent, secrète parfois.
Six universités françaises et le Centre national de ski nordique
de Prémanon (Jura) sont sollicités sur différentes
expérimentations coordonnées par Jean-Paul Richalet, physiologiste
de renom de l'université de Bobigny. Le docteur Patrick Schamach,
directeur de la Commission médicale du CIO, explique: " Leur mission
est de répondre à cette triple question: 1. Est-ce nuisible
à la santé ? 2. Est-ce éthique ? 3. Si les deux premières
réponses sont oui, est-ce que ça peut être assimilé
à une conduite dopante ? "
Au col de Prémanon, altitude 1.150 mètres, les premières
neiges tombées n'ont laissé que de minces lambeaux blancs
sur les champs d'où émerge soudain, en surplomb d'un lacet
obtus, la raide et haute silhouette de l'École nationale de ski
nordique. Ici, dès 1999, on avait profité de la rénovation
de la bâtisse pour ouvrir également des chambres hypoxiques.
Six petites chambres spartiates calées sous les toits du cinquième
étage, avec des murs recouverts d'une peinture spéciale pour
ne laisser filtrer aucun gaz et dotées d'un système d'extraction
d'air, aspiré dans la pièce, puis renvoyé sous forme
d'air appauvri en oxygène. Mais voilà, leur ouverture coïncida
avec l'affaire Festina, survenue un an plus tôt, et Marie-George
Buffet, alors ministre de la Jeunesse et des Sports, décida de les
mettre en sommeil. Pendant trois ans, elles furent donc fermées
aux sportifs français, jusqu'à ce que le CIO et le ministère
des Sports français les rouvrent cet été. Pour les
seuls besoins de l'étude.
L'expérience de Prémanon débuta en août
et septembre derniers avec des biathlètes entraînés
pendant dix-huit jours à l'altitude de l'école (1.150 mètres
donc) et dormant dans les chambres spéciales à 2.500 mètres
d'altitude recréée (pendant six jours) puis à 3.000
mètres (six jours) puis à 3.500 mètres (six jours).
Les premières conclusions ? On constate bien une augmentation de
l'érythropoïèse, mais aucune amélioration de
la performance aérobie ni d'augmentation du volume de globules rouges
quinze-seize jours après la fin du stage. Le stage était-il
trop court ? L'altitude finale de 3.500 mètres trop élevée
? Ou les temps de récupération étaient-ils trop justes
? Toujours ces mystères... " On a donc décidé d'affiner
les résultats ", souffle Laurent Schmitt, professeur au centre et
coordinateur de l'étude avec Jean-Paul Richalet. Cette fois, avec
les nageurs de l'équipe de France de longue distance. " Là,
on les a fait dormir quatorze nuits à 3.000 mètres. On veut
vérifier que 3.000 mètres est la bonne altitude et voir si
un stage de quinze jours suffit pour être performant. "
Des effets de l'altitude, il faut donc encore vérifier la véracité.
Jauger aussi les utilisations passées comme celle de l'hypoxie dite
" en charges intermittentes " (IHE, Intermittent hypoxic exposure), découverte
a priori la plus prometteuse. À Strasbourg,Véronique
Billat expérimente ce modèle. Inspirée par les travaux
du professeur Hans Hoppeler, de l'université de Berne, effectués
avec les skieurs suisses, elle juxtapose des entraînements en altitude
à des entraînements en normoxie (niveau de la mer). Pendant
plusieurs semaines, cette jeune scientifique a soumis des coureurs de fond
à deux entraînements hebdomadaires intenses de trente minutes
(au seuil anaérobie) sur un tapis roulant avec un Altitrainer, sorte
de réservoir portable terminé, par un tube grâce auquel
ils inhalaient un mélange hypoxique équivalent à une
altitude de 3.000 mètres. Les résultat sont fantastiques:
ni hausse des globules rouges ni hausse de l EPO (voilà qui est
intéressant au regard des contrôles), mais une meilleure utilisation
de l'oxygène au niveau de la cellule musculaire avec une augmentation
moyenne du V02 Max de 7 %.
Cette méthode vertigineuse, les sportifs n'ont pas attendu les
résultats officiels du CIO pour se l'approprier. Une fois encore,
les athlètes ont un temps d'avance. La société suisse
Sport and Médical Technologies, basée à Genève,
commercialise l'Altitrainer depuis quatre ans déjà, et le
médecin espagnol de l'équipe Once, Nicolàs Terrados,
l'un des premiers à avoir travaillé dès 1988 sur FIHE,
fut aussi l'un de ses premiers clients. Aldo Sassi, l'administrateur de
l'équipe Mapei et du centre italien Mapei Sport Service, leur a
également acheté plusieurs appareils. Tout comme l'équipe
Lotto-Adecco. Et, dans le centre de recherches de la firme, doté
d'une salle d'entraînement, les sportifs de renom, des cyclistes
professionnels, des skieurs italiens : se pressent chaque semaine. Comme
certains tennismen français venus en voisins, et dont Jean-Baptiste
Menut, le directeur de la société, préfère
taire les noms. " C'est délicat. Je ne veux pas m'avancer, pour
eux C'est un secret, un petit plus qu'ils veulent peut-être garder...
"
L'affaire est sensible. Il n'y a qu'à juger des réticences des athlètes à évoquer le sujet pour comprendre qu'on touche de très, très près aux limites du jeu. Car si beaucoup utilisent les tentes, les chambres ou l'Altitrainer, peu l'avouent. Pendant longtemps, le nom de Paula Radcliffe fut associé aux publicités d'Hypoxico,qui vend des tentes avant que son nom ne disparaisse du site Internet de la firme américaine. Lance Armstrong ne s'est jamais vanté d'utiliser une chambre hypoxique, chez lui au Texas. " C'est une omerta, avance Alain Dallenbach. On a peur des raisonnements à la chaîne qui finissent à " vous êtes dopés ". Gaël Pencréach avoue : " À Brides-les-Bains, quand ma mère m'appelait, je la suppliais de ne pas dire où j'étais. Jusqu'aux Championnats du monde d'Edmonton, je ne l'ai dit à personne. En France, la méconnaissance de ces techniques d'entraînement les rend tout de suite suspectes. "
Car oui,ces pratiques sophistiquées ne doivent elles pas être considérées comme du dopage ? Récemment, l'Australien Ron Clarke, jamais remis d'avoir cédé face aux Kenyans aux Jeux de Mexico en 1968, alors qu'il était recordman du monde, déclarait avec provocation que les athlètes nés en plaine devraient pouvoir utiliser l'EPO de synthèse afin de leur donner une chance égale à celle des sportifs nés en altitude. " C'est ridicule, s'insurge Véronique Billat. Si on enlève l'EPO, le corps ne saura plus rien faire. Mais là, avec ces techniques de récréation d'altitude, on met l'organisme en situation de s'adapter lui-même avec ses propres mécanismes. On ne se substitue pas à lui. " Le professeur Richalet complète : " Le taux d'EPO atteint avec l'altitude n'a rien à voir avec l'EPO injectée. En altitude, l'EPO connaît un pic les deux premiers jours du séjour, puis elle revient à un chiffre normal. Pas l'EPO injectée. En altitude, quinze jours de stage feront passer l'hématocrite de 44 à 46-47. L'EPO artificielle la fera grimper à 65 ! "
Embarrassé, le CIO n'a, à ce jour, pas légiféré sur le sujet. Il attend les conclusions des études françaises et devrait décider d'une position lors du congrès de septembre 2003 en vue des Jeux d'Athènes. L'usage des tentes et autres procédés de récréation artificielle de l'altitude n'est pas conseillé. C'est tout. Aux Jeux de Sydney. il avait néanmoins interdit la présence de gaz dans le village olympique. Car le débat est complexe, qui porte sur la définition même du sport de haut niveau. Chantal Dallenbach: " Oui, je me suis demandé: est-ce naturel de dormir sous une tente hypoxique ? Mais est ce naturel de passer son temps à Font-Romeu ? Où s'arrête le naturel ? À son lieu de naissance, sur lequel on devrait rester s'entraîner ? " Les étrangers n'ont pas ces scrupules. " Quand on a expliqué aux Norvégiens pourquoi Prémanoin était fermé, ils ont ouvert des yeux tout ronds et ont bien rigolé, " explique le professeur Richalet. Ce débat est surréaliste pour eux. C'est une chambre où on tourne un robinet, point. Eux disent : " Est ce que les piscines couvertes l'hiver sont interdites ? Et les presses en musculation ? Ou les tapis roulants de jogging ? Et l'électrostimulation ?' "
Le sport n'échappe pas aux évolutions technologiques. Les Norvégiens, le patron du centre d'altitude de Boulder (Colorado), des Belges, des Allemands, sont venus visiter Prémanon comme un appartement témoin pour mieux le copier chez eux. " Les Scandinaves se défendent: vous avez les Alpes, pas nous ", ajoute Laurent Schmitt. Et pourtant, là-haut en Norvège, quand Bjôrn Daehlie, huit fois champion olympique de ski de fond, dut officiellement avouer qu'il possédait une chambre et une caravane d'altitude simulée, le public s'est mis en colère. Comme s'il s'estimait floué. " Ces chambres frappent les esprits car on touche à l'air qu'on respire. Et l'air, c'est sacré, explique Richalet. Pourtant, on a exactement les mêmes effets dans les chambres hypoxiques qu'en altitude réelle."
Difficile problème. La recherche d'altitude, vraie ou artificielle, exige une préparation médicale spécifique, un apport obligatoire d'acides aminés, de vitamines et surtout de fer, qui peuvent conduire à des attitudes limites. Quand on en arrive là, on peut ne pas être loin de verser vers autre chose. La frontière est ténue. Jean-François Pontier, coordinateur national du demi-fond, en est persuadé: " L'altitude a bon dos. On sait que la recherche d'altitude masque aussi nombre de conduites dopantes. " Brahim Boulami, le recordman du monde du steeple-chase marocain, avait ainsi justifié son contrôle positif à l'EPO, cet été: " Je m'entraîne en altitude à Ifrane quatre à cinq mois par an. C'est le seul dopage dont je peux être accusé. " Ifrane, village blotti au milieu des majestueux cèdres de l'Atlas, à 1.800 mètres, sur les pentes du Michlifen, refuge d'un demi-fond marocain qui interpelle par ses résultats. " À Ifrane, il y a l'altitude, et certains médecins qui prescrivent autre chose ", accuse Alain Dallenbach. Des coureurs cyclistes suivis par Aldo Sassi ont été impliqués dans des affaires de dopage. De la même façon, avant de se faire pincer pour dopage à l'HES, le champion olympique de fond finlandais Mika Myllyla avait été préparé en chambre d'altitude par Rolf Saeterdal, aujourd'hui coach du biathlète Ole Einar Bjoerndalen,grand ponte du Comité olympique norvégien et partenaire commercial de la société CAT (Colorado Altitude Training) qui vend du matériel hypoxique. Gérard Dine, biologiste, hématologue et père du suivi biologique: " 50 % des dix premiers des épreuves de ski nordique de Salt Lake City présentaient des paramètres anormaux, montrant un apport exogène de produits dopants."
A Font-Romeu, la haute tour du Centre national d'entraînement en altitude siffle comme un orgue sous les rafales glacées du vent. En la pointant du doigt, Daniel Hardehn le médecin du centre, confesse: " Si un jour on me demande de dépressuriser tel étage à 3.000 mètres et celui-là à 3.500, j'arrêterai la médecine du sport., Ce n'est pas mon esprit ". À Font-Romeu, on prône le naturel. Le paysage splendide des Pyrénées (presque à la latitude de Mexico pour les Jeux duquel le Centre fut construit en 1965, sur l'idée du général de Gaulle), l'ensoleillement constant en ont fait un cadre d'entraînement idéal prisé des champions. Mehdi Baala y effectue depuis 1999 deux stages de trois semaines par an, le premier au printemps puis, si le calendrier le permet, le second en août. " Je m'y sens bien. " Paula Radcliffe y possède un appartement, jouxtant celui des Dallenbach, et y séjourne presque trois mois dans l'année depuis cinq ans. Le lieu est demandé. " Nous sommes déjà presque complets pour cet été. Les athlètes viendront tous chez nous préparer les Championnats du monde de Paris ", se réjouit Anne-Marie Agel, la directrice des sports du Centre.
Pour l'heure, Font-Romeu est blotti sous la neige, et de coureurs, point.
Place aux nageurs, qui ont toujours aimé le site. Les Russes Pankatrov,
Selkov, Sadovy s'y entraînaient autrefois. Guennadi Touretski, le
célèbre entraîneur d'Alexander Popov (lire plus bas),
familier des lieux, explique : " Au risque de choquer le monde scientifique,
les chambres hypoxiques ne sont pour moi qu'un phénomène
de mode pour une méthode qui ne reproduit qu'une infime partie des
phénomènes d'altitude... On sous-estime encore beaucoup trop
le facteur environnement, alors qu'il représente l'avenir dans l'entraînement.
Si j'étais athlète aujourd'hui, je n'hésiterais pas
: j'irais m'installer à Font-Romeu avec ma famille et je n'en descendrais
que pour les compétitions. "
Pierre Roger, le jeune espoir médaillé de bronze du 100
m dos des Championnats d'Europe l'an passé, qui s'y entraîne
à l'année, agrée: " Pfuitt ! Les caissons,je ne sais
pas comment ils font... L'altitude, pour moi, c'est le cadre de vie, la
vue des montagnes, le ski l'hiver, une sensation de bien-être qui
permet de mieux aborder l'échéance sportive."
C'est aussi l'accoutumance à l'intensité de l'exercice, à la souffrance, qu'on essaie de dompter. Mehdi Baala : " Quand, sur le stade de FontRomeu, on entend Paula Radcliffe souffler, râler comme si elle s'étranglait, ça fait peur..." Sur le plateau de Matemale (1.600 mètres) ou plus haut à La Calme (2.100 mètres), Mehdi Baala aussi apprend à aller plus loin dans l'effort, à puiser dans ses réserves. "Après ces séances, tout te semble facile", lâche-t-il. Ainsi donc, abruptement, s'élève, pour Mehdi, le chemin vers les Championnats du monde de Paris, en août prochain. Albuquerque, FontRomeu, puis, sans doute juste avant les Mondiaux de Paris, une halte au col Bayard, près de Gap, son refuge traditionnel, calme et secret, niché à 1.246 mètres. Pour une ultime bouffée d'altitude avant la course finale.
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Lexique:
AÉROBIE (filière): Mode de production énergétique
dans lequel le muscle utilise essentiellement de l'oxygène pour
"brûler" des substrats (glucides, lipides) qui lui fourniront de
l'énergie. Cette filière, qui permet de soutenir un effort
prolongé sans qu'intervienne d'essoufflement, est celle de l'endurance.
Elle est étroitement liée au V02 Max (lire plus loin).
ANAÉROBIE (filière): Quand l'effort est trop intense ou de trop longue durée, l'apport en oxygène devient insuffisant l'essoufflement apparaît Le corps a alors recours à un autre métabolisme dit anaérobie, pour pallier le déficit en carburant oxygène. Ce type de filière entraîne la production d'un déchet l'acide lactique, qui s'accumule dans le muscle.
ÉRYTHROPOÏÉTINE (EPO): Hormone produite par le rein
qui stimule la production de globules rouges (les véhicules de l'oxygène)
et donc l'oxygénation musculaire. La raréfaction de l'oxygène
en altitude engendre une production accrue de cette hormone. L'EPO de synthèse
est utilisée en milieu médical pour traiter l'insuffisance
rénale chronique des dialysés.
HÉMATOCRITE: Pourcentage des globules rouges par rapport au volume sanguin total.
HYPOXIE: Terme issu du grec hupo (sous), et oxus (oxygène). Situation de déficit en oxygène dans le sang et les tissus.
OXYGÈNE: C'est le carburant de base du muscle. Sa proportion dans l'air est partout d'environ 21 % (pour près de 79 % d'azote). Mais plus on monte en altitude, plus la pression atmosphérique diminue. Bilan: un même volume d'air contient moins de molécules d'oxygène. Cette situation d'hypoxie engendre une sécrétion accrue d'érythropoïétine.
V02 MAX: C'est le volume maximal d'oxygène qu'une personne peut
consommer lors d'un effort physique. Cette valeur "plafond" s'exprime en
millilitres d'oxygène par minute et par kilo de poids. En gros,
c'est cc la cylindrée " de l'athlète. Plus le V02 Max est
élevée, plus la puissance aérobie (donc l'endurance)
est importante. En altitude, l'augmentation du nombre de globules rouges,
donc de la capacité de transport de l'oxygène, permet d'améliorer
son V02 Max.
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Sites d'entraînement en altitude
AMÉRIQUE DU NORD
- Colorado Springs (E-U.) 1850 m. Site du Comité olympique américain.
Le nageur Mark Spitz s'y entraîne longtemps.
- Boulder (E-U.) 1600 m. Lieu favori des marathoniens et des cyclistes
de toutes nationalités.
- Flagstaff (E-U.) 2134 m. Depuis 1997 Franziska van Almsick y vient
régulièrement; les nageurs hollandais aussi, qui y firent
deux séjours l'année des Jeux de Sydney.
- Albuquerque (E-U.) 1600-2200 m Coureurs et nageurs autour des installations
de l'université du Nouveau-Mexique.
- Mexico (Mexique) 2200 m. En fait le site de Toluca, découvert
par le Marocain Saïd Aouita. Joseph Mahmoud y vint aussi souvent.
Inconvénient majeur: la pollution.
EUROPE
- Sierra Nevada (Espagne) 2 320 m. Centre ouvert il y a cinq ans. Une
piste d'athlétisme. Un anneau de 130 m indoor. Une piscine.
- Font-Romeu (France) 1850 m. Avant même la construction du Lycée
climatique et sportif, en juin 1966, décidée pour les JO
de Mexico, le Tunisien Gammoudi fut le premier à y venir. Et il
devint champion olympique du 5 000 m en 19681
- Saint-Moritz (Suisse) 1850 m. Base européenne des meilleurs
coureurs africains, dont le clan Fila, autour de Paul Tergat
- Davos (Suisse) 1560 m. Également base de travail des Africains
en Europe.
- Belmeken (Bulgarie) 2050 m. Centre du Comité olympique bulgare,
situé dans les Balkans. Les biathlètes de tous les pays s'y
entraînent chaque année.
- Erevan (Arménie) 1200 m. Au pied du mont Ararat. Autrefois
haut lieu de l'athlétisme soviétique.
AFRIQUE
- Ifrane (Maroc) 1650 m. Dans le Moyen Atlas. Repère de l'équipe
du Maroc d'athlétisme. La Roumaine Gabriela Szabo y vint régulièrement
ainsi que certains Français, comme Driss Maazouzi.
- Nyahururu (Kenya) 2348 m. À deux heures de Nairobi, près
des chutes de Thompson Falls. Jouit toujours d'un air frais, sans moustiques.
Moses Kiptanui et sa bande s'y entraînent. Parmi les habitués
européens, on comptait l'Allemand Dieter Baumann.
- Eldoret (Kenya) 2000 m. Berceau de célèbres coureurs
kenyans. Le légendaire Kipchoge Keino y a ouvert un centre.
- Potchefstroom (Afrique du Sud) 1500 m. Une piste en herbe. Prisé
des athlètes, qui n'y souffrent pas de décalage horaire.
Mais trop chaud en hiver pour les coureurs de fond.
ASIE
- Nobeyama (Japon) 1400 m. Surtout réputé pour l'entraînement
des sportifs d'hiver, short-track et patineurs artistiques.
(Note perso de Fred: très bel endroit dans la région
de Nagano, ciel limpide, observatoire d'altitude. Semi-marathon en été
sur un parcours exigeant)